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20 Beffeux
Bel faux ou beau foyard
Essai de l’histoire du village de Beffeux
Généralités
Au vu de la situation géographique et de l'histoire de la région, il serait bon d’associer le village de Beffeux à celui du hameau de Bonne-Année et du châtelain du Bouveret qui contrôlait le port du même nom sur le Léman.
Pendant plus de 2 siècles, de 1700 à 1920, le village de Beffeux a été marqué par l’exploitation de la pierre à gypse ou pierre à chaux et plus faiblement par l’exploitation d’une mine de charbon.
Situation géographique de Beffeux
Le village de Beffeux se trouve à quelques 2,3 kilomètres du village de Vionnaz sur la route qui mène le voyageur de Vionnaz à Torgon via le village de Revereulaz. Le trace de la route évite les deux maisons de Bonne-Année situées 2 km plus haut. Jusqu'en 1921, un sentier conduisait les troupeaux de Vionnaz à travers le village de Beffeux, ce sentier est indiqué sur les relevés cadastraux de l'époque sous le nom de "VOIE ROYALE DE LA MONTAIGNE". La route carrossable n’a débuté qu’en 1921.
La population de Beffeux
En 1866, le village comprenait moins d’une dizaine de maisons occupées par quelques familles très nombreuses. Les femmes s’occupaient de 3 ou 4 vaches, des génisses, 3 ou 4 veaux, selon les années, 2 porcs, 2 chèvres dont les cabris étaient vendus au village pour les fêtes pascales. Durant l’été, le bétail était emmené à l’alpage sous la surveillance du fromager et de quelques hommes désignés par le village. Les femmes et les enfants s’occupaient essentiellement des animaux tandis que les hommes allaient à la mine et bucheronnaient durant l’hiver. La plupart des familles entretenaient un petit coin de vigne et chacun cultivait son petit jardin potager. Il fallait également prévoir la récolte des fourrages et rentrer le foin pour passer l’hiver. Toute la région était réputée pour ses nombreux châtaigniers. (Réf. Le Valais d’antan de Pierrette Ecoeur-Mariaux, Ed. La Matze, 1995)
Un peu d’histoire
Le gouverneur de Monthey, seigneur du Château du Bouveret contrôlait le port sur le Léman soit la plupart des échanges commerciaux de pierre, bois, gypse, ciment, sable et autres cultures entre les cantons du Valais, de Vaud, de Genève et la France.
Il est écrit que le Château de Chillon, notamment, a reçu pendant de nombreuses années du fromage de Recon, du chanvre pour confectionner les cordes, et sûrement d’autres nourriture et matériaux.
Ce gouverneur possédait plusieurs propriétés sur la montagne de Vionnaz, en particulier la mine de la Plâtrière (exploitée pour sa pierre à gypse, ancêtre de notre ciment Portland) et la belle habitation de Bonne-Année louée par le vice-dominat de Riedmatten en 1795 (Réf. Atlas Siegfried, Bonne-Année) à la famille Veuthey (syndic de la plaine et fin du XVIIIème début du XIXème) dont Joseph Veuthey, nommé maire de Vionnaz en 1811 (Réf « Un maire à Vionnaz », Z. Schoch, 1937). Il est même fait mention d’amodiation de cette location à la famille Veuthey.
L’existence de la carrière de pierres à gypse "La Plâtrière" et de la mine de charbon « Le Fornions" à proximité immédiate de Bonne-Année et de Beffeux a contribué au développement de la région. Les hommes de Beffeux ont non seulement extrait les minéraux mais ils ont également assuré les transports de ces matériaux avec des luges ou des sargosses (genre de luges avec deux roues et tirées par un mulet ou un cheval, jusqu'à l'Usine, à l'entrée de Vionnaz. Après traitement (concassage et chauffage), le gypse était utilisé comme ciment dans la construction et comme engrais pour l'agriculture. Le gypse était acheminé jusqu'au port du Bouveret, puis chargé sur des barques pour être livré sur les côtes du Léman dans les cantons de Vaud, Genève et en France voisine.
Pendant deux siècles, dès 1700, les hommes de Beffeux étaient très engagés dans l’extraction et le transport des produits de leurs carrières (extraction à ciel ouvert) et de leurs mines. Cette activité était très légiférée par des contrats très précis et limités dans le temps à quelques années. (Réf. Archives communales de Vionnaz).
Jean-Marie BRESSOUD a écrit dans son livre « Village de chez nous » une histoire romancée « La catastrophe de la mine de Beffeux » en 1980 relatant l’activité des mineurs de Beffeux.
Au début du XXème siècle, à l'apparition du ciment Portland, une usine a été ouverte à Vouvry entraînant la fermeture des mines de Vionnaz.
Sources :
- Archives cantonales valaisannes
- Le Valais d’antan de Pierrette Ecoeur-Mariaux, Ed. La Matze, 1995
- Annales valaisannes, Un maire à Vionnaz », Z. Schoch, 1937
- Archives communales de Vionnaz, 1817 - 1950
- Village de chez nous, Jean-Marie Bressoud, 1983
- Carrière et Usine de gypse de la bourgeoisie de Vionnaz – La Plâtrière, Extrait PV Vionnaz, Maurice Fracheboud